Entre 5000 et 10000 d’entre eux seraient chaque année capturés accidentellement par des…
Entre 5000 et 10000 d’entre eux seraient chaque année capturés accidentellement par des marins-pêcheurs. Ce chiffre, contesté par la profession, a été repris par Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique : « À ce niveau de mortalité, les risques sont réels et avérés pour la survie de l’espèce ».
Olivier Le Nezet, le président du Comité national des pêches (CNPMEM), dénonce depuis « un coup mortel porté à la filière ». Bon nombre de pêcheurs, rappelle ce Breton, ont équipé leurs bateaux de pingers – des répulsifs acoustiques – et participé à des études scientifiques. D’autres ont installé des caméras à bord et embarqué des observateurs. Insuffisant, a jugé le Conseil d’État en estimant que le niveau des captures accidentelles n’était « pas soutenable pendant un hiver supplémentaire ». Président du Comité départemental des pêches (CDPMEM 17) en Charente-Maritime, l’Oléronnais Philippe Michaud critique également cette décision : « Personne n’a envie de pêcher un dauphin ! Ce mois de fermeture ne réglera pas le problème. Les pêcheurs, en revanche, sont devenus une variable d’ajustement. Nous sommes entrés dans un processus lent mais certain de disparition. Il n’y aura bientôt plus de bateaux, ni de savoir-faire… Sur les quais, ça grogne ! »
94 % de perte d’activité pour la criée de Royan
Flavien Guitton s’est, lui, pris un sacré « coup de massue sur la tête ». Après sept années à naviguer comme matelot, cet Oléronnais âgé de 24 ans vient d’acquérir deux bateaux : l’un pour naviguer et l’autre pour bénéficier de droits et de quotas de pêche. Après avoir décroché son permis de navigation mi-janvier, il pensait enfin prendre la mer la semaine où tout s’est arrêté. « La pêche, j’y crois et je veux être indépendant. Je me suis endetté sur 10 ans pour plus de 300 000 euros. J’ai embauché un salarié. Sans ma copine qui bosse en CDI, je ne pourrais pas tenir. Je n’ai pas de trésorerie. Je suis dans la merde », résume, amer, Flavien Guitton. Ce marin-pêcheur se dit pourtant « prêt à jouer le jeu » et compte bien installer à bord des pingers, une caméra et même un système de surveillance des navires par satellite (VMS). En 7 ans, le jeune pêcheur reconnaît avoir attrapé « trois ou quatre » dauphins et pense que les chiffres de mortalité sont « surestimés et surréalistes ».
Mareyeurs et transporteurs, poissonniers ou mécaniciens : bien d’autres professions associées aux marins-pêcheurs pâtissent elles aussi de cette fermeture. La criée de la Cotinière, sur l’île d’Oléron, a vu s’effondrer son chiffre d’affaires de 30 %. « Nous ne proposons plus qu’une vente massifiée le matin contre deux, chaque jour, en temps normal », détaille Nicolas Dubois, son directeur. À Royan, où évoluent essentiellement des fileyeurs, la situation est plus dramatique encore. « Nous avons perdu 94 % de notre activité », souligne Joël Richaud, le responsable de la criée royannaise où travaillent sept salariés. Certains effectuent depuis la fin janvier des opérations de maintenance, les autres éclusent malgré eux leurs congés.
Des aides aux professionnels
Aux mareyeurs, le gouvernement a promis un coup de pouce « sur la base de leur excédent brut d’exploitation » et « jusqu’à 75 % de leurs pertes ». Les pêcheurs bénéficieront, eux, d’une aide de 80 % à 85 % de leur chiffre d’affaires. « Sans prendre de risques en mer, sans bouffer de gasoil ni user le matériel », glissent certains sur les pontons. « Ils ont acheté la paix sociale », souffle un autre, en relevant l’absence de réaction des marins-pêcheurs – les ligneurs et chalutiers fournissent toujours les étals des poissonniers.
Début février, le ministre Christophe Béchu a promis le versement des aides « dès le début du mois de mars » et une ristourne de 13 centimes d’euro sur le litre de gasoil. Sur l’île d’Oléron, Flavien Guitton ne sait pas s’il percevra ces subsides. « C’est flou, je n’en sais rien », concède ce professionnel qui, faute de mieux, se tient prêt : « J’ai déjà regardé les horaires des marées. Le 21 février, à 00h01, je partirai en mer et j’essaierai de rattraper le temps perdu… »
(1) L’interdiction de pêcher dans le golfe de Gascogne s’appliquait initialement aux seuls pêcheurs français. Face à leur incompréhension, la mesure a vite été étendue à tous les navires étrangers.
La responsabilité des engins de pêche confirmée par les scientifiques
Formellement contestées par les marins-pêcheurs, les données scientifiques donnent pourtant le vertige. Entre décembre 2022 et mars 2023, 1314 petits cétacés – dont 91 % de dauphins communs – ont été découverts sur les côtes, entre le Cotentin et le Pays basque. En décembre dernier, 120 individus ont été retrouvés. Les départements les plus touchés sont désormais la Vendée, la Charente-Maritime et le Finistère. « Ces épisodes de mortalités sont associés en grande partie aux interactions avec les engins de pêche », note sans détour l’observatoire Pelagis, une unité installée à l’Université de La Rochelle et pilotée conjointement avec le CNRS.
Près de 75 % des dauphins communs échoués l’hiver dernier seraient ainsi morts « par capture dans un engin de pêche ». Des autopsies réalisées sur 47 individus « confirment la mort par capture accidentelle dans 68 % des cas », précise l’observatoire Pelagis. Entre 2019 et 2022, les scientifiques estiment que la mortalité totale induite par les engins de pêche atteint une moyenne de 7000 dauphins communs par an. « Le seuil à ne pas dépasser, dans sa version la plus optimiste, est de 5000 captures dans toutes les eaux européennes, de Gibraltar au nord de l’Écosse. Le plus pessimiste est à 900 », souligne Olivier Van Canneyt, ingénieur d’études à Pelagis.
En l’état actuel des connaissances scientifiques, le CIEM préconise de fermer la pêche durant trois mois en hiver et un mois en été, périodes durant lesquelles se concentrent les pics de mortalité.
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