La France célébrera cette année le 80e anniversaire de la Libération. Plusieurs événements sont compris dans ce travail de mémoire, puisque 1944 correspond aux débarquements de Normandie et de Provence, à la Libération de Paris, au rétablissement de l’ordre républicain grâce au gouvernement provisoire du général de Gaulle. Mais n’oublions pas qu’en 1944 la France n’est pas totalement libérée, puisque subsistent des poches allemandes qui ne cesseront le combat qu’en mai 1945, par exemple à Royan en Nouvelle-Aquitaine.
La Libération est un fait historique très documenté. Pour autant, 80 ans plus tard, les témoignages sont plus précieux que jamais, et une grande collecte nationale de souvenirs est donc entreprise, concernant les enfants de 1944, aujourd’hui au soir de leur vie.
Une collecte de souvenirs
Cette collecte est organisée par la Mission Libération. « Nous souhaitons que chaque Française et Français s’approprie ce 80e anniversaire en se rappelant que le sacrifice de nos aînés fut le prix d’une liberté bien chèrement acquise, et dont nous continuons à jouir aujourd’hui. Notre mémoire collective ne résistera à l’usure du temps qu’en se transmettant à la jeunesse », précise le général Michel Delion, directeur général de la Mission Libération. Toutes les personnes pouvant raconter leur expérience de la libération sur le territoire français lorsqu’ils étaient enfants peuvent contacter directement la Mission à l’adresse de contact : contact@80ansliberation.fr
L’Agenais Maurice Cottenceau avait 13 ans en 1944. Il en a 93 aujourd’hui, mais ses souvenirs sont toujours présents dans sa mémoire. Ils les avaient notamment confiés à la Revue de l’Agenais en 1993. « Collecter les souvenirs est une bonne chose, affirme-t-il. Cela relève de la curiosité animant les jeunes générations, qui veulent savoir ce que fut cette époque troublée. Cette curiosité contrebalance le désintérêt dont furent frappées les années noires, jusqu’aux années 90. Avant, un voile recouvrait cette période historique peu glorieuse. Une sorte de silence pudique, car les anciens n’étaient pas forcément fiers de ce passé. »
Le couvre-feu
Ce passé, c’est celui de la plus grande défaite de l’histoire de France. Celle d’une armée qualifiée d’invincible par ses responsables, et qui fut balayée en mai et juin 1940. Maurice Cottenceau a vécu cette période dans la maison familiale du boulevard de la Liberté, qu’il occupe toujours.
En 1944, il était en classe de 5e au lycée Palissy. « Avant le débarquement de Normandie, peu de gens y croyaient, se souvient-il. Il faut se souvenir du traumatisme que fut la défaite de 40. Pour les gens, le soldat allemand était encore solide, le soldat américain n’était pas reconnu. Après le 6 juin, Agen a été soumis à un couvre-feu, dès 19 heures. Je me souviens d’un voisin, place Pelletan, qui n’avait pas pris cela au sérieux, et qui avait été arrêté par les Allemands. Sans l’intervention du sous-chef de gare, il aurait été fusillé… La Résistance était de plus en plus active, des trains étaient bloqués en gare d’Agen en raison des sabotages des voies ferrées. Et puis est survenu le débarquement en Provence des troupes françaises de la Première Armée de De Lattre de Tassigny, et là tout est là très vite. Ils sont arrivés en Provence le 15 août, et les Allemands ont quitté Agen le 19. »
44, c’est aussi 40…
Ils étaient donc partis, et les FFI sont alors arrivés en triomphant. « Les gens arrachaient les panneaux indicateurs écrits en allemand place Pelletan, ajoute Maurice Cottenceau. C’était la liesse, puis à midi on a vu des femmes tondues passer dans la rue… Les Résistants ont défilé à plusieurs reprises, dont le dimanche 27 août, où là ce fut impressionnant. La joie était de retour, et d’ailleurs les bals populaires étaient de nouveau autorisés, mais les temps restaient durs. La Première Armée avait besoin de renfort, et le Sud-Ouest, dont le Lot-et-Garonne, a fourni des hommes. Des jeunes de Palissy sont partis combattre. La guerre s’éloignait mais les restrictions étaient toujours là. Je me souviens avoir fait mes devoirs scolaires à la lumière de la lampe à pétrole en 1945 et encore en 1946. »
Il garde un sentiment mitigé de 1944. Certes, la victoire, la liberté retrouvée, de gestes et de paroles, restent des souvenirs glorieux. « 1944 est une date importante, estime le témoin Maurice Cottenceau, mais à l’époque la France était encore plus marquée par la défaite 1940. Finalement l’une ne va pas sans l’autre… »
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