Une vingtaine de vaches broutent paisiblement dans les hautes herbes du marais de Pousseau. Soudain, les limousines lèvent la tête. Malgré le vent, elles ont reconnu la voix de Fabien Millieroux et les aboiements de son chien, Samba. L’éleveur regarde ses bêtes avec plaisir le rejoindre en galopant. « Ça n’a pas de prix d’être dehors et de voir ce spectacle », lâche-t-il dans un murmure, comme pour se convaincre. Ça n’a peut-être pas de prix, mais ça a un coût. Après plus de dix ans d’expérience, l’agriculteur ne le sait que trop bien.
Une vingtaine de vaches broutent paisiblement dans les hautes herbes du marais de Pousseau. Soudain, les limousines lèvent la tête. Malgré le vent, elles ont reconnu la voix de Fabien Millieroux et les aboiements de son chien, Samba. L’éleveur regarde ses bêtes avec plaisir le rejoindre en galopant. « Ça n’a pas de prix d’être dehors et de voir ce spectacle », lâche-t-il dans un murmure, comme pour se convaincre. Ça n’a peut-être pas de prix, mais ça a un coût. Après plus de dix ans d’expérience, l’agriculteur ne le sait que trop bien.
Fabien Millieroux, un grand gaillard au sourire malicieux, vit au milieu des touristes. Mais, les vacanciers sont en maillot de bain et en sandales ; l’éleveur, en pantalon de travail et en bottes. Eux vont à la plage ; lui n’y met presque jamais les pieds. « Je n’ai pas le temps pour aller me baigner, avec les vaches, je dois travailler 365 jours par an. » Heureusement, il est aidé par ses parents, Françoise et Gérard, éleveurs avant lui. « Ils ont essayé de me convaincre de faire un autre métier, se souvient le jeune agriculteur. Puis, ils ont compris que je ne ferai rien d’autre. Maintenant, ils essayent de m’accompagner au mieux. »
Un éleveur engagé
Aider leur fils, c’est déjà le loger. À 33 ans, l’éleveur habite toujours chez ses parents. Pour Fabien Millieroux, ce n’est pas un choix : « j’arrive à garder 1 000 euros par mois pour vivre. » Avec ça, impossible de louer à Royan. « Les intrants coûtent de plus en plus cher, se plaint-il. Cette année, on a dépassé le millier d’euros pour une tonne d’engrais. » Il faut aussi investir dans du matériel pour les champs : tracteurs, semoirs, faucheuses… « Le prix d’un véhicule peut monter à plusieurs centaines de milliers d’euros. Et lorsqu’il arrive sur l’exploitation, il a déjà perdu 20 % de sa valeur. »
Olivier Martin
Afin d’augmenter son salaire, tout en produisant une viande de qualité, le jeune homme a rejoint le groupe « Éleveur et engagé » de Charente-Maritime. Avec 85 agriculteurs, il a accepté de suivre un cahier de charge exigeant afin de vendre ses bêtes à un prix qui tient compte de ses coûts de production. « Je gagne jusqu’à 1 euro de plus par kilo », se félicite l’intéressé. Désormais, sa viande remplit les étals des enseignes partenaires de Charente-Maritime. En contrepartie, il anime un stand dans les boucheries des magasins U de l’agglomération royannaise. « Ça met du baume au cœur, quand des gens nous disent qu’ils aiment nos produits. »
« J’avais l’impression d’être une secrétaire, pas un agriculteur »
Engagé, Fabien Millieroux l’est aussi auprès de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire. Au début de l’année, il a participé aux manifestations des agriculteurs à Royan. Les Royannais ont pu le croiser, avec son tracteur, dans les rues de la ville. Assis à la table de la cuisine familiale, il se souvient : « je n’en pouvais plus des normes administratives. J’avais l’impression d’être une secrétaire, pas un agriculteur. »
Olivier Martin
Olivier Martin
Un exemple lui vient en tête. En tant que président de l’association du marais de Pousseau, il est en charge d’organiser son entretien. Mais, cet hiver, lorsque les fossés autour du marais ont commencé à déborder, il n’a pas pu faire son travail. « On devait suivre 14 règles écrites par des politiques qui n’y connaissent rien. Il n’y a pas 50 solutions pour nettoyer un fossé. » Depuis les manifestations, ces normes ont été réduites à quatre.
Un espoir douché
Pourtant, notre agriculteur est déçu des mobilisations agricoles. « On avait de l’espoir. Ils nous avaient promis qu’on recevrait rapidement les subventions 2023 de la PAC – la politique agricole européenne. On ne les a touchées que la semaine dernière. »
À Royan aussi, il sent qu’il n’est pas la priorité des édiles, malgré les discussions avec la mairie et l’aide de la Cara (Communauté d’agglomération Royan Atlantique) pour entretenir le marais. « Les bâtiments gagnent petit à petit du terrain. Et avec la bétonisation, l’eau ruisselle et le marais déborde. Mais c’est le tourisme la priorité. » Lui possède 25 hectares de terres à 800 mètres de la plage de Pontaillac. D’ici à quelques années, il pense qu’il finira par les perdre.
Olivier Martin
Malgré ce tableau, loin d’être idyllique, Fabien Millieroux reste amoureux de son métier et de ses vaches. Il nous reçoit d’ailleurs avec un t-shirt sur lequel est dessinée l’une d’entre elles. On sent la fierté lorsqu’il présente son exploitation, le nouveau hangar dans lequel il a investi, les génisses de l’année. Mais aujourd’hui, il ne suffit plus d’être passionné pour nourrir les Hommes. Entre 2010 et 2020, 30 % des élevages français ont disparu. À Royan, d’ici à cinq ans, Fabien Millieroux pourrait être le dernier éleveur.
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