Il aurait pu laisser la vie pendant sa détention au camp de Buchenwald. Ou plutôt, lors d’une opération de la Résistance. Figure royannaise de l’après-guerre, militant et élu communiste, Jean Papeau s’était finalement éteint en avril 2003, à l’âge vénérable de 91 ans, laissant une empreinte forte dans l’histoire contemporaine de Royan. Instituteur, directeur de l’école de Maine-Geoffroy qui porte aujourd’hui son nom, Jean Papeau a marqué aussi les cœurs et les esprits de centaines d’enfants.
Eux l’appelaient…
Il aurait pu laisser la vie pendant sa détention au camp de Buchenwald. Ou plutôt, lors d’une opération de la Résistance. Figure royannaise de l’après-guerre, militant et élu communiste, Jean Papeau s’était finalement éteint en avril 2003, à l’âge vénérable de 91 ans, laissant une empreinte forte dans l’histoire contemporaine de Royan. Instituteur, directeur de l’école de Maine-Geoffroy qui porte aujourd’hui son nom, Jean Papeau a marqué aussi les cœurs et les esprits de centaines d’enfants.
Eux l’appelaient « le père Papeau ». Des décennies d’années après, ses anciens élèves utilisent encore ce qualificatif un peu désuet pour parler avec affection de Jean Papeau. Ils sont même encore quelques dizaines à se réunir chaque année pour se souvenir de ce maître d’école si spécial à leurs yeux, mélange d’autorité et de bienveillance. Un homme « autoritaire mais juste », érudit, soucieux de tirer le meilleur de chacun des écoliers qu’il préparait alors au fameux « certif », le certificat d’études qu’on passait alors à l’âge de 14 ans.
À l’ancienne
Quelques jours avant les écoliers d’aujourd’hui, ces anciens élèves du « père Papeau » ont fait leur rentrée à eux le vendredi 1er septembre, respectant un rituel institué depuis dix ans maintenant par Bernard Chagneaud, de la « promotion » 1957-1961. « On déjeune ensemble, on chante, on prépare parfois des saynètes de théâtre, on se remémore des anecdotes… » Cette année, à cause d’une mauvaise chute et de trois vertèbres fracturées, « Robichon » a dû renoncer à venir de la Creuse, où il vit aujourd’hui. « Sinon, il vous en aurait raconté, c’est toujours truculent, avec lui », rigole Bernard Chagneaud.
Il faut dire que Robert Vignaud, de son véritable nom de baptême, incarne ces élèves que Jean Papeau s’évertuait à tirer vers le haut. « Robichon n’était pas très fort en orthographe. Alors, le père Papeau l’a prévenu en début d’année que les dictées, il les lui ferait écrire au tableau. Au moment de la correction, il prenait la tête de Robichon sous son bras et bim, il lui mettait un petit coup à chaque fois qu’il voyait une faute. N’empêche que Robichon a progressé. Bon, plus de force que gré, mais il l’a eu, son certif ! »
Il les encourageait
Les anecdotes que ces anciens élèves se répètent à l’envi, ces souvenirs qu’ils gardent de leur instituteur dessinent tous en creux le portrait d’un maître que certains diront « à l’ancienne », mais d’un homme lettré, cultivé, pour qui la réussite de ses élèves, au certificat d’études comme dans leur vie future, importait autant que le salut de la France, pour lequel il s’était engagé dès sa démobilisation en 1940, ou, plus tard, le bien-être des administrés royannais. « Il nous impressionnait mais il savait nous mettre en confiance », appréciait Nicole Micheneau, élève de Jean Papeau de 1956 à 1960.
Il a réussi à nous aider à nous élever socialement
Pascal Gailler (1958-1961) coule une paisible retraite d’ancien ingénieur en travaux agricoles. Enfant, il se voyait reprendre l’exploitation de ses parents, « mais Jean Papeau les a convaincus qu’il fallait que je poursuive mes études. Pour beaucoup d’entre nous, il a réussi à nous aider à nous élever socialement et à accéder à certaines places. Nous le devons à notre travail, bien sûr, mais aussi à ce directeur d’école ! »
Engagé… hors de l’école
Jean Papeau a rendu visité à bien des parents, au cours de sa carrière, pour les persuader ainsi que leur enfant avait le niveau pour intégrer le collège, le lycée, ensuite. Persuasif, Jean Papeau savait l’être dans d’autres circonstances. « Il est aussi venu voir mes parents pour leur demander de voter pour lui aux élections cantonales. Et ils ont voté pour lui, le communiste, alors qu’eux étaient plutôt de droite », se souvient encore Pascal Gailler, hilare.
Militant au Parti communiste dès 1933, à 21 ans à peine, Jean Papeau a mené deux vies, à Royan, où il s’est installé en 1951 en prenant ses fonctions d’instituteur et de directeur de l’école de Maine-Geoffroy. Conseiller municipal de 1953 à 1959, puis de 1971 à 1983, il fut également conseiller général, de 1969 à 1985, et même vice-président du Conseil général, de 1982 à 1985, en charge des affaires scolaires et culturelles. « Mais jamais, jamais il ne nous a parlé de politique et de son engagement à l’école », jurent en chœur ses anciens élèves.
« Bon, on devinait quand même, à travers les auteurs et les poésies qu’il choisissait de nous faire réciter », sourit Bernard Chagneaud, qui se souvient encore des premiers vers du poème « Liberté », que Paul Éluard avait écrit en 1942, sous l’occupation allemande. De la guerre et de son engagement de résistant non plus, Jean Papeau n’a jamais parlé à ses élèves. Eux ne connaissaient que le « père Papeau », l’instituteur…
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