Il s’est éteint dans la nuit de mardi à mercredi, à 102 ans, au terme d’une vie époustouflante et trépidante, lui que tous ceux qui l’ont connu présentent pourtant comme un homme courtois, discret et simple. L’amiral Philippe de Gaulle, fils de l’ancien président de la République Charles de Gaulle, était né à Paris, en décembre 1921, se découvrant très tôt une vocation de marin sous l’influence d’un oncle, Jules Richard, témoin de mariage de ses parents. Au gré des affectations militaires de son père, il avait vécu à Trèves en Allemagne, à Beyrouth au Liban, mais aussi à La Boisserie, en Haute-Marne, véritable refuge familial.
En 1939, avec deux baccalauréats en poche, il prépare le concours de l’École navale, tenant tête à son père qui l’avait pourtant fait inscrire en première année de droit, rêvant pour lui d’une carrière de diplomate. Mais en 1940, le concours d’admission de Navale est brusquement interrompu en raison de l’invasion allemande. Le 18 juin, alors que son père est déjà en Angleterre, Philippe quitte donc Brest dans la précipitation avec sa mère, ses deux sœurs et la gouvernante de la famille, embarquant à bord d’un navire dont ils ne connaissent même pas la destination et qui les laisse à Falmouth, un petit port à l’extrême-sud des Cornouailles.
Philippe, loin de se prévaloir de passe-droit en raison de son nom de famille, a vécu une guerre d’une intensité toute particulière
Parvenu en Angleterre, Philippe, qui n’a pas entendu l’Appel du 18-juin et lit le journal à la recherche d’informations, découvre un entrefilet dans lequel un certain général de Gaulle est évoqué comme voulant prendre la tête de la résistance française. Un sentiment d’immense fierté le traverse : c’est son père. N’écoutant que son courage, il s’engage dans les Forces navales françaises libres dès le 20 juin, comme simple matelot. Il n’échappe d’ailleurs à aucune corvée, comme il le raconte dans ses mémoires, de la propreté des postes, coursives et sanitaires à l’épluchage des pommes de terre et au lavage des hamacs.
Car Philippe, loin de se prévaloir de passe-droit en raison de son nom de famille, a vécu une guerre d’une intensité toute particulière. Après avoir passé le concours de l’École navale des Forces françaises libres, il est promu aspirant de marine en 1942, enseigne de vaisseau en 1943, puis 1ère classe en 1944. Brièvement affecté à la défense contre-avions pendant la bataille d’Angleterre, il intègre le groupe de chasse Île-de-France de l’aéronavale, participe au ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon et à plusieurs tentatives ratées de débarquement en France occupée, à Bayonne et à Dieppe.
Ce croisé à la croix de Lorraine est de tous les combats et, bien sûr, de la libération de la France, lors de laquelle il commande le 1er peloton de combat du 1er escadron du régiment blindé de fusiliers marins. Débarqué à Lastelle, dans la Manche, le 6 août, il participe ainsi à la libération de Paris, lors de laquelle il est envoyé porter l’ordre de reddition aux Allemands retranchés dans le Palais-Bourbon, devant négocier seul et désarmé. Mais sa guerre ne s’arrête pas là et il combat encore en Lorraine, en Alsace, à Royan, avant de participer à la prise du Nid d’aigle de Hitler, à Berchtesgaden, à l’hiver 1944-1945.
Blessé à six reprises, décoré de la Croix de guerre par le général Leclerc lui-même, Philippe n’est pas fait Compagnon de la Libération, son père n’ayant pas voulu prêter le flanc à la critique. À peine lui accorde-t-il quinze minutes d’entretien lors de leur rencontre à Weymouth, en janvier 1943, de laquelle on a conservé une photo où la ressemblance entre les deux hommes est frappante ! Le 25 août 1944, alors qu’il fait venir son fils à lui en plein combat, Charles ne peut cependant s’empêcher un moment d’émotion et embrasse son cher petit garçon, un geste assez inhabituel chez les de Gaulle.
Philippe s’était donné pour mission de faire vivre l’esprit du gaullisme
Par la suite mobilisé lors de la guerre d’Indochine, commandant une flottille d’hélicoptères, Philippe participe à la crise du canal de Suez et à la guerre d’Algérie, étant le dernier commandant de la base navale de Bizerte en 1962. Après avoir servi dans le Pacifique et en Méditerranée, il est élevé au rang d’amiral en juin 1980, prenant alors le chemin d’un autre engagement, celui de la politique et du gaullisme, dans les pas de son père.
Membre de tous les mouvements gaullistes depuis les années 1940, élu conseiller de Paris en 1983 puis sénateur RPR de la capitale en 1986, il siège pendant près de 20 ans au Palais du Luxembourg, en gardien vigilant de la droite et de l’héritage de son père. Celui qui était par ailleurs un artiste reconnu et réputé, de la peinture à la tapisserie, en passant par la céramique et le modélisme, s’était donné pour mission de faire vivre l’esprit du gaullisme, notamment en publiant treize tomes de lettres, notes et carnets du Général. Il a désormais rejoint ses chers parents et ses deux sœurs, quelque part là-haut, d’où il nous regarde avec, à l’esprit, une certaine idée de la France.
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