« Une affaire d’honneur » sortira en salle le 27 décembre. Le festival du film de société a offert l’avant-première du quatrième long-métrage de Vincent Perez en tant que réalisateur. Il incarne aussi face caméra un colonel irascible, assoiffé de duels, rival du maître d’armes remarquablement interprété par Roschdy Zem. De passage à Royan ce jeudi 7 décembre (1), Vincent Perez a « le sentiment de présenter un film abouti…

« Une affaire d’honneur » sortira en salle le 27 décembre. Le festival du film de société a offert l’avant-première du quatrième long-métrage de Vincent Perez en tant que réalisateur. Il incarne aussi face caméra un colonel irascible, assoiffé de duels, rival du maître d’armes remarquablement interprété par Roschdy Zem. De passage à Royan ce jeudi 7 décembre (1), Vincent Perez a « le sentiment de présenter un film abouti », sur un sujet auquel de rares films ont été consacrés, ces duels, au XIX^e siècle, pour « laver l’honneur dans le sang », à l’épée, au pistolet.

Comment est née l’idée d’un film consacré au duel et son âge d’or dans les années 1880 ?

En réalité, je crois que j’ai toujours eu ce film en moi. Déjà après « Le Bossu » (de Broca, 1997), je cherchais le sujet, sans vraiment trouver la porte. À l’époque, en plus, je n’étais pas encore réalisateur. C’est pendant une discussion avec Jean Dujardin que j’ai eu le déclic. Il m’a rappelé « Le Bossu », « La Reine Margot », des films d’époque. Je suis rentré chez moi pris par cette idée d’un film sur l’art du duel. C’était merveilleux de se plonger dans cet univers, de se documenter. Le duel a connu son « âge d’or » entre 1881 et 1889. On parle d’un véritable phénomène, d’un duel par jour, d’un mort tous les 35 duels, de salles d’armes pleines à craquer !

Comment avez-vous appréhendé la double casquette de réalisateur et d’acteur ?

Je me suis souvenu de ce conseil que (le réalisateur) Patrice Chéreau avait donné à Valeria Bruni-Tedeschi, qui lui demandait comment faire à la fois pour jouer et pour mettre en scène. « Surtout, ne te dédouble pas, tu es la même personnage qui joue et qui réalise », lui avait dit Patrice Chéreau. Ça m’a beaucoup aidé ! Mais le jour où j’ai fait ce « pas sur la lune » a été un peu vertigineux ! Je devais jouer la scène du duel au pistolet, je passe donc devant la caméra et là, je me retourne et je vois toute l’équipe regarder le réalisateur partir se battre en duel… (Il rit) Globalement, tout s’est bien passé. Quand je devais jouer une scène, pour le cadrage, je faisais mes réglages et je m’en remettais ensuite à ma cheffe opératrice et à Karine (Silla), mais je n’avais pas le temps de revoir les prises après le tournage de la scène. Ceci dit, cela a apporté une sorte d’urgence au film que le spectateur ressent, je pense.

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Dans « Une affaire d’honneur », le romanesque raconte aussi une époque et fait même écho à la nôtre, dites-vous…

Plusieurs personnages centraux ont existé ou sont la synthèse de personnages ayant existé, comme les maîtres d’armes. La découverte pour moi a été Marie-Rose Astié de Valsayre, une journaliste, féministe, moderne. « Une affaire d’honneur » parle d’un monde qui change, aussi, après la défaite humiliante contre les Prussiens en 1870, le traumatisme qu’on sent chez tous les personnages du film. Le duel reste au cœur, je voulais offrir un spectacle, faire un film pour le public, qu’il soit pris dans une époque et y voyage, mais en lui donnant une résonance actuelle. Faire un film d’époque pour faire un film d’époque n’a plus de sens. Cette époque doit aussi interroger la nôtre.

(1) Festival du film de société de Royan, projections jusqu’à ce dimanche 10 décembre, au complexe Lido, à Royan.