Richard Bohringer n’est pas le seul à trouver que « c’est beau, une ville, la nuit ». Bien d’autres avant lui ont partagé ce constat, goûté aux parfums différents d’un monde nimbé de lumières artificielles. Cédric Agoutin s’y est englouti des nuits et des nuits. « Je suis d’une nature extrêmement sensible. Je réagis à tout. Quand je cogite, que quelque chose m’affecte, il m’arrive d’être pris d’insomnie. Je me rhabille et je sors déambuler dans les rues, sous le coup du vague à l’âme… Je me suis dit un jour qu’il fallait…
Richard Bohringer n’est pas le seul à trouver que « c’est beau, une ville, la nuit ». Bien d’autres avant lui ont partagé ce constat, goûté aux parfums différents d’un monde nimbé de lumières artificielles. Cédric Agoutin s’y est englouti des nuits et des nuits. « Je suis d’une nature extrêmement sensible. Je réagis à tout. Quand je cogite, que quelque chose m’affecte, il m’arrive d’être pris d’insomnie. Je me rhabille et je sors déambuler dans les rues, sous le coup du vague à l’âme… Je me suis dit un jour qu’il fallait que je trouve un objectif à ces déambulations. »
Le photographe, artisan et artiste, gérant de Cap Photo, à Royan, a poursuivi ses promenades entre aurore et aube son appareil photo numérique à la main. Ouvert à ce que les rues de Royan acceptaient de lui offrir d’incongru, de beau, de poétique. Avec dans un coin de l’esprit le travail de l’un de ses illustres prédécesseurs, Brassaï (1). « Je suis un amoureux de son travail qu’il a beaucoup consacré à la nuit, justement, à Paris. Ses photographies sont incroyables, il me fascine ! »
Cédric Agoutin a donc emprunté, modestement, les pas de son lointain mentor. Avec les contraintes qu’impose l’exercice dans un contexte bien différent. « À l’époque de Brassaï, le droit à l’image n’existe pas. Lui a pu représenter des scènes de vie nocturne dans les bars, les restaurants. »
Comme en argentique
Puisque de toute façon, l’ambiance nocturne royannaise n’est pas comparable à celle de la « Ville Lumière », Cédric Agoutin a adopté le parti pris de ne faire figurer aucun être humain dans sa série, à de rares exceptions près. Des extérieurs nuit saisis au gré d’une inspiration plus que d’une quête absolue d’images.
« Je prends le risque de ne pas avoir LA photographie que je veux »
« Même en travaillant avec un boîtier numérique, je garde des réflexes de l’argentique, du temps où la pellicule avait un certain coût. Je ne prends toujours qu’une ou deux photographies d’une même vue. Je prends le risque de ne pas avoir LA photographie que je veux. Ou a contrario, j’ai un exemple à l’esprit, d’une image que j’ai faite au port. En la regardant immédiatement sur l’écran de mon appareil, j’ai eu le sentiment d’avoir manqué ce que je cherchais. En la regardant à nouveau le lendemain, j’ai réalisé que cette photo était celle que je voulais prendre. »
« Une belle rencontre »
« Royan la nuit, déambulations nocturnes… » « Poétiques » aurait été un qualificatif approprié, également. La photographie est une forme d’écriture et Cédric Agoutin, hypersensible, observateur, a des choses à « dire ». L’image est son verbe. Le reflet de son âme et de ses états d’âme, qui le submergent parfois par vagues, qui le jettent sur le macadam des trottoirs d’une station balnéaire. Cédric Agoutin photographie un Royan intemporel, parfois juste suggéré, par un détail architectural, un bout de rue que l’œil du cru identifie, un mot sur une façade.
Sa série nocturne couvre quatre saisons. « Je suis moins sorti l’été, je suis pris par le travail, l’ambiance est différente, aussi… » Cédric Agoutin a davantage trouvé matière dans ces nuits humides d’automne, d’hiver. Voire tempétueuses. Il a « bravé » Domingos, « pour voir le port un soir de tempête ». Flots tumultueux, eaux noires, vent en rafales iodées, pluie diluvienne… « Je me souviendrai de cette soirée. Après avoir pris ma photo, je suis allé me mettre à l’abri dans un bar encore ouvert. J’étais bien, je venais de ressentir dehors tous les éléments… Sortir autant de fois la nuit, pour photographier qui plus est, amène forcément à des rencontres. Ce soir-là, dans ce bar où je me suis abrité, il y avait cette femme, magnifique… » Un sourire, léger et pudique, plisse ses yeux. « La nuit, on ne sait jamais sur qui on peut tomber, mais là… C’est une belle rencontre. »
(1) Pseudonyme de Gyula Halász (1899-1984), photographe hongrois, naturalisé français, également dessinateur, peintre, sculpteur, médailleur et écrivain.
L’exposition « Royan la nuit, déambulations nocturnes » est visible jusqu’au 30 mai à Cap Photo, 16, rue Gambetta, à Royan, du mardi au samedi, de 10 heures à 12 heures et de 14 h 30 à 18 h 30.
Une démarche artistique
« Ratées », ses photographies ? Le soir du vernissage de l’exposition, Cédric Agoutin a été, un instant, désarçonné par les remarques d’un invité. « Il ne trouvait pas les bons mots pour exprimer qu’en réalité, il trouvait que mes photos n’étaient pas toujours nettes… En réalité, cette impression de grain ou de flou parfois, tout est délibéré. J’évoque ma fascination pour Brassaï… En fait, avec cette série, j’ai voulu passer outre certains fondamentaux techniques qu’on apprend, la focale, la vitesse d’obturation, par exemple. J’ai enlevé tout ça, j’ai cherché à montrer un monde sans lumière, naturelle, s’entend, sans chaleur. Je voulais me rapprocher du côté pictural de l’image. »
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