Même les clients qui se pressent autour de Roule ma poule ignorent l’âge de celui qui tient le banc. Il faut dire que la maturité dont il fait preuve balaye tous les préjugés que l’on pourrait avoir sur un jeune de 21 ans. Autour du banc, les compliments pleuvent sur la qualité des produits que l’on peut acheter. Les cheveux gominés, un tatouage de trèfle à quatre feuilles au…

Même les clients qui se pressent autour de Roule ma poule ignorent l’âge de celui qui tient le banc. Il faut dire que la maturité dont il fait preuve balaye tous les préjugés que l’on pourrait avoir sur un jeune de 21 ans. Autour du banc, les compliments pleuvent sur la qualité des produits que l’on peut acheter. Les cheveux gominés, un tatouage de trèfle à quatre feuilles au creux de l’oreille, la parole posée, les gestes tout en maîtrise, Jimmy Peraud sait où il va.

Il y a tout juste un an, ce Royannais a racheté les bancs de Royan et de La Tremblade de son patron parti à la retraite, Christian Porche. Un pari un peu fou qu’il a relevé avec brio. « J’avais un acheteur sur le coup mais Jimmy travaillait pour moi et je voulais que ça soit lui », affirme Christian Porche venu prêter main-forte pour la période des fêtes.

C’est au prix de 165 000 euros qu’il a donc vendu son banc. Pour Jimmy cela représente un crédit mensuel de 2 700 euros auxquels s‘ajoutent les loyers des marchés, les salaires et autres charges. « À seulement 19 ans ce sont des chiffres qui font peur », concède-t-il. « Ça n’a pas été facile. Les six premiers mois je ne me faisais pas de salaire et j’allais travailler l’après-midi en intérim pour pouvoir gagner de l’argent. Je n’en dormais pas la nuit mais j’ai foncé et persisté », savoure aujourd’hui le jeune homme.

« Le travail de la volaille »

Il faut dire que Jimmy est du genre précoce. Très vite au collège, il se rend compte que l’école n’est pas faite pour lui. Il demande à réaliser un pré-apprentissage et intègre le CFA de La Rochelle pour passer son CAP boucherie charcuterie volaille. « Mon père est agriculteur à Ciré-d’Aunis et tous les mois on vend une vache en direct à la ferme. C’est comme ça que j’ai voulu faire ce métier », révèle-t-il.

C’est au Bœuf tricolore, à Royan, qu’il décroche son premier emploi et façonne son savoir-faire. Et puis, un matin, alors qu’il déguste des huîtres sur le marché avec ses amis en sortant de boîte de nuit, Jimmy complimente le banc de Christian. Ils échangent quelques mots. « Il m’a rappelé trois jours après pour que je vienne travailler pour lui. Il m’a appris tout le travail de la volaille. L’entreprise était déjà à vendre et il m’a proposé. J’ai dit ok mais je voulais d’abord passer un an à ses côtés pour qu’il m’apprenne le métier », précise le jeune volailler.

En quelques mois, Jimmy se familiarise avec l’Urssaf, la gestion de factures et tout ce qui compose la vie entrepreneuriale. « Il me fallait 30 000 euros d’apport, alors après mon travail au marché j’allais faire de l’intérim pour rassembler cette somme, plus de 70 heures par semaine », se souvient-il. Ses parents tentent de le dissuader, mais Jimmy se sent de taille alors il fonce et clôt le sujet avec eux. « Je n’en parlais plus. Aujourd’hui, ils sont fiers de moi. »

Depuis le 1^er janvier 2023, il est donc officiellement le nouveau patron. « Je travaille avec les éleveurs en direct, le groupement landais Marie-hot car je mise sur la qualité. Quand on réintégrera la nouvelle halle, j’envisage d’élever toutes les volailles à la ferme de mon père », conclut-il.