Tom Dolan et Alexis Thomas mènent toujours le bal. Derrière, en jouant avec les grains, on espère revenir.
À bord du bateau Express
Une fois de plus le ciel est gris après les obsèques de la nuit. La fraîcheur engourdit les mouvements. Quelques timides nuages bleus essayent cependant d’égayer le plan d’eau entre deux grains. La longue route de 260 milles restant à dévaler en direction de Royan ne présente plus, fort heureusement, de nids-de-poule. Les haut-le-cœur de la mer sont enfin oubliés. Reste une houle de travers.
Toujours aux manettes, Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan) et Alexis Thomas (Wings of the Ocean) avancent flamberge au vent vers l’arrivée. Menant le troupeau pratiquement depuis le début de cette deuxième étape. Un peu en retrait, Gaston Morvan (Région Bretagne-CMB performance) et Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) sont à l’affût dans leurs tableaux arrière. Un grain pouvant en cacher un autre, ils souhaitent toujours ne pas être lâchés.
«Plus on s’approchait du fond de la baie de La Corogne et des îles, plus cela bouillonnait»
À 13,8 milles des leaders et 8e, Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022), le vainqueur de la première manche, s’appliquait à sa tâche et l’expliquait à la vacation média de 6 h : « Là, on est parti pour la grande transhumance, avec un golfe de Gascogne d’ouest en est, une première pour moi. Il ne manquera plus rien dans mon tableau. C’est assez technique depuis le cap Ortegal sur le retour. Cela veut dire qu’il faut essayer de gérer entre repos et être sur la balle pour rester lucide, pour ajuster les réglages et aller le plus vite possible. La mer s’est calmée par rapport à la belle marmite d’hier après-midi.
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Plus on s’approchait du fond de la baie de La Corogne et des îles, plus cela bouillonnait. Là, c’est plus agréable. Les conditions varient beaucoup mais on a principalement du nord nord-ouest avec un vent parfois inférieur à 10 nœuds, parfois à plus de 20-25. Donc avec pas mal de changements de direction et d’intensité. Je suis sous gennaker depuis la tombée de la nuit. Sur un mode un peu 4×4. Smurfit Kappa a fait un joli trou. Ça commence à causer. On va s’appliquer pour reprendre le plus de distance possible en espérant qu’il y ait du jeu pour s’en approcher. »
Jules Delpech (Orcom) faisait route de conserve avec le Morbihannais et jouait avec les grains : « Je suis un peu déçu de mon départ à Gijón dans la pétole car j’étais avec Alexis Thomas qui a réussi à partir, mais pas moi. La descente jusqu’aux îles Sisargas était compliquée avec beaucoup de mer. Ce n’est pas facile à vivre en bateau. Cela rend l’épreuve difficile. Avec aussi des zones de dévent pas stables. Je suis actuellement 7 ou 8e et je pense qu’il n’y aura pas de grosses options. Actuellement, on a pas mal de grains. On essaye d’allonger la foulée à l’avant de ceux-ci où il y a du vent, et de ressortir par le nord du grain et reprendre de la pression.
Il poursuit : «On enchaîne ça depuis la pointe de La Corogne. Et je pense que cela va être ça jusqu’à l’arrivée. J’ai vu une grosse baleine qui a plongé juste devant moi avec des bulles à droite et à gauche. Je suis juste passé au-dessus sous spi, je n’avais pas le choix. C’était joli et impressionnant à voir. Il y a 10 minutes, j’avais encore 15-20 nœuds sous gennak à pleine balle. Là, j’ai 6 nœuds et j’enroule dans le nord pour sortir du grain. »
Hugo Dhalenne (YCSL-Primatice-SLB Pharma), 17e au classement général provisoire mais avec seulement 7 minutes de retard sur Basile Bourgnon (Edenred), slalomait lui aussi au gré des masses nuageuses : « Dans la théorie, la route est directe jusqu’à Royan mais dans la pratique nous avons beaucoup de nuages qui nous obligent à faire une route différente en fonction des variations du vent. J’ai 12 à 20-22 nœuds sous gennaker et je suis bien entouré avec Martin Le Pape (DEMAIN) et Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) pas loin de moi». La flotte est ce matin disséminée sur 47 milles, Thierry Lavayer (Alofi Sailing) fermant la marche. Les meneurs progressant à 8-9 nœuds, et si les conditions n’évoluent pas, ces leaders sont espérés en Charente-Maritime demain mercredi, en début d’après-midi.
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