Le 17 avril 1945, les troupes françaises libéraient la poche nazie de Royan. Une victoire française à quelques semaines de la chute du 3e Reich. Des combats violents auxquels a participé Robert Sitaud, disparu à l’âge de 100 ans en mars dernier. Il s’était confié peu avant à « ici La Rochelle ».
Royan se souvient. Il y a 80 ans, le 17 avril 1945, la ville, l’une des dernières poches allemandes en France, était libérée à l’issue de deux jours de combats meurtriers (150 morts côté français, plusieurs centaines côté nazi). L’opération « Vénérable », une victoire française qui a soulevé bien des interrogations, trois semaines seulement avant la chute du 3e Reich. Les troupes françaises, appuyés par l’aviation et l’artillerie américaines, sont entrées dans un Royan quasi-intégralement détruit, à la population civile traumatisée. Parmi ces soldats, le Royannais Robert Sitaud.
Quatre-vingts ans plus tard, Robert a gardé une mémoire vivace des événements : « je n’ai pas perdu la tête ! » assure l’ancien combattant, dans un petit salon de sa maison de retraite de Saint-Sulpice-de-Royan, un jour de janvier 2025. L’histoire débute à ses 18 ans : « ils avaient pris mon frère en Allemagne pour le STO, alors je suis parti au maquis, en Dordogne, c’était le centre des maquisards ». On est en 1944. Quelques parachutages d’armes plus tard, et Robert se retrouve avec son groupe, le maquis Foch, harcèlent des troupes allemandes en pleine retraite.
Bataillon héroïque
On est en septembre : Robert Sitaud participe à la libération de Ruffec, Villefagnan, et même Chef-Boutonne, le coin d’où il est originaire dans les Deux-Sèvres. « Ensuite on est allé à Marans. » Le groupe de résistants devient une unité de l’armée française, stationnée autour de la poche de La Rochelle. Et le bataillon Foch s’illustre par sa bravoure face à une Wehrmacht entreprenante. « Un jour, ils nous ont chassés, parce qu’ils avaient un petit train blindé. »
À la fin de l’hiver, Robert et son bataillon sont reversés sur le front de Royan, où ils vont stationner dans des fermes jusqu’au début de l’opération « Vénérable » : l’assaut sur la poche de Royan. L’action est préparée par deux jours d’intenses bombardements où du napalm est balancé sur les défenses allemandes, finissant de réduire la ville en ruines. Le 15 avril 1945, vers midi, c’est l’attaque. Robert Sitaud est engagé au sud de la ville.
Mort d’un proche
« À Boube, il n’y avait qu’un seul chemin qui ne soit pas miné… » Boube, crète fortifiée qui verrouille l’accès à Saint-Georges-de-Didonne. Les soldats français parviennent à passer, prenant les défenses allemandes à revers, d’où de nombreux prisonniers : « il y avait 200 Allemands, ils ont rendu les armes. On a appelé Saintes pour faire venir des camions, afin de les amener à l’arrière ».
La suite, ce sont deux jours de combat pour avancer mètre par mètre, « parce qu’ils se cachaient dans des blockhaus, et on n’arrivait pas à les déloger ». Les Français enregistrent de lourdes pertes. Robert se souvient avoir connu la mort d’un proche, le mari de sa tante. « C’est pas lui qui aurait dû mourir. On avait construit des trous pour se protéger, et au dernier moment, il a changé de trou avec son beau-frère, mon oncle. Et une bombe est tombée dans son trou, et l’a tué. »
Retour à Royan
Ces souvenirs, Patricia, la fille de Robert, ne se lasse pas de les écouter : « il n’en avait pas parlé pendant très longtemps, et c’est vrai que je suis fier ». Robert se souvient de sa joie à la fin de l’assaut. Avec la crainte toutefois d’être envoyé par la suite en Allemagne. La chute du Reich lui évitera ce voyage. C’est la démobilisation. « Et on est rentré chez nous. »
Le retour à Loubillé près de Chef-Boutonne a été de courte durée pour Robert Sitaud. Rapidement rappelé à Royan, pour participer à la reconstruction de la ville. « J’étais maçon, et je me suis spécialisé dans le carrelage. » Carreleur, à son compte, durant 40 ans. « Je ne voulais pas de salarié, je voulais être tranquille. »
Croix de guerre, 73 ans après
Robert a dû attendre 2018, pour recevoir la Croix de guerre ; 73 ans après. Médaille lui revenant de droit comme membre du bataillon Foch, reconnu pour sa bravoure durant le siège des poches. Jusqu’au dernier jour, cette médaille a trôné bien en vue, dans sa chambre de la maison de retraite de Saint-Sulpice de Royan. Robert est mort centenaire, le 5 mars 2025.
Royan organise le 17 avril 2025 une grande journée de commémoration, entre cérémonies militaires, défilé, campement militaire et feu d’artifice.
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