Pour les 80 ans de la libération de Royan, ce jeudi 17 avril, Stéphane Weiss, historien des poches de l’Atlantique, revient sur les enjeux de l’époque : les bombardements américains et la nécessité d’une victoire française pour de Gaulle à trois semaines de la chute du Reich. À réécouter ci-dessus.
Le 17 avril 1945, il n’y a plus d’Allemands dans Royan. Quatre-vingts ans plus tard, la ville se souvient, ce jeudi, de sa libération. Royan, accablée par plus de 200 jours de sièges, puisque les Allemands avaient choisi de rester, malgré le Débarquement de Normandie dix mois plus tôt, et de tenir les ports de l’Atlantique – c’est ce qu’on a appelé les « poches ». Un siège statique, mais meurtrier : on compte un à deux morts par jour en moyenne parmi les combattants français. Royan, déjà dévastée en janvier 1945 par un bombardement aussi meurtrier qu’inutile.
L’historien des poches de l’Atlantique, Stéphane Weiss, rappelle sur « ici La Rochelle » (ex-France Bleu) que la libération de Royan commence, en fait, dès le 14 avril 1945, par un bombardement massif de l’aviation américaine. « Pour se faire une idée, on peut dire qu’il y a eu 3.050 passages de bombardiers lourds américains, 9.900 tonnes de bombes, mais surtout se dire qu’il y a plus d’aviateurs américains en l’air que d’Allemands au sol à Royan. Ça donne une idée des proportions. Il y avait de l’ordre de 5.100 Allemands encore dans le réduit de Royan en avril 1945 et on n’a pas tout à fait le double, mais facilement 1,5 fois plus d’Américains en l’air au même moment. »
Les Américains envisageaient la fin de la guerre pour la fin de l’été
Contrairement à janvier 1945, où la destruction de Royan n’avait servi à rien, cette fois, les troupes françaises peuvent entrer dans la ville, au sol. « Le bombardement de janvier avait frappé la ville avec 347 bombardiers. Là, le bombardement massif vise les périphéries, les défenses extérieures et il est suivi surtout d’une attaque massive avec 34.000 soldats français engagés dans cet assaut. »
Et pourtant, on dit beaucoup que le bombardement d’avril 45 sur Royan a, lui aussi, été inutile, à trois semaines seulement de la chute du Reich. Ce point de vue, l’historien Stéphane Weiss le réfute : « nous, nous connaissons la fin de l’histoire. Les acteurs du moment ne la connaissent pas, ils ne savent pas que ça va se terminer le 8 mai. Au moment où l’assaut final contre Royan est planifié, et nous sommes au mois de février 1945, les prévisions américaines envisagent plutôt une fin de la guerre pour la fin de l’été, le début de l’automne. Donc, dans cette optique, attaquer Royan pouvait encore être intéressant pour les alliés, pour lever ce verrou qui empêchait l’usage du port de Bordeaux« .
De Gaulle avait besoin d’une victoire française
Et puis surtout, la libération de Royan a un intérêt politique pour les Français et pour le général de Gaulle, pas seulement stratégique. Le général de Gaulle voulait une victoire à mettre au crédit de l’armée française. « En fait, toutes les armées françaises étaient sous tutelle des Alliés. Elles n’avaient pas de théâtre d’opération propre. Les poches de l’Atlantique offraient cette opportunité, et dès le mois de septembre 1944, le général de Gaulle identifie la possibilité d’un assaut contre Royan. Par contre, comme il est sous une tutelle militaire des Alliés, il doit le négocier, et il obtiendra le feu vert, donc, pour les combats finaux du mois d’avril.
« Donc il y avait effectivement une dimension politique, d’ailleurs avec beaucoup d’articles dans la presse de l’époque, y compris des opposants politiques au général de Gaulle, qui lui disent : mais vous n’allez pas assez vite pour attaquer ses poches, il faut agir ! »
Stéphane Weiss a publié à l’automne « Parole des fronts oubliés » aux Éditions Sud-Ouest, un livre qui retrace les mois de sièges de 44 et 45 à Royan, à La Rochelle et dans le Médoc, au travers des journaux édités par les troupes françaises sur les fronts de Charente-Maritime.
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