Ils sont une dizaine à avoir répondu présent à « l’escapade littorale » organisée par la mairie de Royan sur la plage de Foncillon. Tous veulent en savoir plus sur le niveau de vigilance accordé aux eaux de baignade. Il faut dire que depuis quelques semaines, les alertes des associations sur les côtes françaises se multiplient. En rencontrant les baigneurs, Marie Bouet espère tempérer les inquiétudes.
La responsable de projet au service des eaux installe son auditoire devant le panneau de signalisation à l’entrée de la plage. Une fiche…
Ils sont une dizaine à avoir répondu présent à « l’escapade littorale » organisée par la mairie de Royan sur la plage de Foncillon. Tous veulent en savoir plus sur le niveau de vigilance accordé aux eaux de baignade. Il faut dire que depuis quelques semaines, les alertes des associations sur les côtes françaises se multiplient. En rencontrant les baigneurs, Marie Bouet espère tempérer les inquiétudes.
La responsable de projet au service des eaux installe son auditoire devant le panneau de signalisation à l’entrée de la plage. Une fiche indique les derniers rapports de l’Agence régionale de santé (ARS). « Ici, vous pouvez retrouver toutes les informations concernant la qualité de l’eau. »
Olivier Martin
L’ARS réalise une fois par semaine un test pour mesurer la présence d’Escherichia coli et d’entérocoques intestinaux. Ces bactéries ne sont pas les seules présentes, mais elles servent d’indicateurs pour les autres. En cas de baignade dans une eau contaminée, les nageurs risquent otites, gastro, mycoses ou encore méningites.
Le service des eaux de la mairie effectue ses propres analyses, plusieurs fois par semaine pendant la saison estivale. « Ces tests suivent un protocole strict, le même que l’ARS », assure Marie Bouet, en poste depuis 2009. L’échantillon doit être pris à trente centimètres de la surface, avec un mètre de fond. Le tout, deux heures avant ou après la pleine mer.
De rares fermetures de plage
Objectif : anticiper les fermetures des plages et conserver la meilleure notation possible. Toutes les plages royannaises sont étiquetées comme ayant une eau d’excellente qualité, à l’exception de la plage de Pontaillac, dont la note est un cran en dessous. « Avec ces données, on espère mieux comprendre les pollutions pour les réduire au minimum. »
Olivier Martin
L’origine des pollutions bactériennes est en fait très bien identifiée. Ce sont les déjections animales et humaines rejetées en mer. « Maintenant, vous savez pourquoi on interdit aux chiens l’accès à la plage, » sourit Marie Bouet. Elles proviennent en effet des besoins de nos amis à quatre pattes, de baigneurs un peu trop pressés, mais surtout d’un réseau d’évacuation des eaux usées défectueux. En théorie, celui-ci est distinct des eaux pluviales. Mais ce n’est pas toujours le cas.
Les jours où nous devons fermer des plages sont rares, principalement lors d’épisodes de pluie intenses
Pour résoudre le problème, la cheffe de projet de la mairie est devenue une cheffe d’orchestre. « Les agents de propreté font un travail remarquable », les félicite-t-elle. De son côté, avec ses équipes, elle remonte les canalisations pour trouver les branchements défectueux. « On utilise de la fumée, si ça ne sort pas au bon endroit, c’est qu’il y a un problème. »
Olivier Martin
Elle se souvient d’un exemple typique, arrivé rue Paul-Doumer à Royan : « Un nouveau propriétaire avait découvert que toutes ses eaux usées se jetaient dans le puits au fond de son jardin. Le vendeur connaissait le problème, mais ne l’avait pas informé. Ça a dû durer des années. »
Malgré tout, l’agent municipal se veut rassurant : « Les jours où nous devons fermer des plages sont rares, principalement lors d’épisodes de pluie intenses. » En juin 2024, du fait de ces intempéries, la mairie a plusieurs fois choisi d’interdire l’accès aux plages urbaines.
Alertes sur le littoral français
Ce sont ces interdictions qui rendent les auditeurs du jour inquiets. Marc Mandon est venu à « l’escapade littorale » de Marie Bouet, après être tombé sur la carte la Belle plage. Créée par l’association Eau et rivières de Bretagne, elle alerte sur l’état des plages du littoral français. Or, la plage de Pontaillac y est déconseillée. « J’habite à côté, c’est là-bas que je me baigne », s’inquiète le retraité.
Olivier Martin
En 2023, l‘ARS de Bretagne a été condamnée par le tribunal administratif de Rennes pour avoir « manipulé » les données et évité à certaines plages bretonnes la fermeture. L’association utilise celles des ARS, mais avec une méthodologie plus stricte pour qualifier l’état de l’eau et éviter les manipulations. Selon Eaux et rivières de Bretagne, la mauvaise qualité des eaux sur certaines plages n’est pas que ponctuelle, mais régulière.
Il y a aussi la question des pesticides, métaux lourds et autres polluants qui ne sont aujourd’hui pas pris en compte dans les tests. Du fait de leur dilution, les risques qu’ils font peser pour l’homme sont minimes, mais restent importants pour les écosystèmes marins. « On a encore du travail, admet Marie Bouet. On veut tout faire pour que l’eau soit la plus belle possible. On va continuer à augmenter le nombre de toilettes sur les plages, sensibiliser les baigneurs et les riverains, et pister les canalisations défectueuses. »
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