Le général de Gaulle insiste auprès du général Eisenhower, chef suprême de l’État-major des forces alliées en Europe (S.H.A.E.F), pour que Royan soit attaquée, selon l’historien Guy Binot (»Royan, 5 janvier 1945 »).
À Saintes le 18 septembre, de Gaulle évoque la nécessité d’un « projet offensif pour dégager l’estuaire de la Gironde, lors d’une démonstration de force pour inciter les Allemands des autres poches à se rendre », décrit un autre historien Stéphane Weiss, qui évoque aussi une « pression des milieux économiques » de l’époque pour rouvrir l’accès au port de Bordeaux.
1.600 tonnes de bombes
Les états-majors français et américains se consultent le 10 décembre à Cognac pour préparer les bombardements tactiques précédant une attaque terrestre. Nom de code de l’opération : « Indépendance ». Une carte des objectifs militaires à bombarder en périphérie de Royan est transmise aux Américains. Mais un dramatique enchaînement d’imprécisions aboutit à la destruction de la « Perle de l’Atlantique ».
AFP
« Deux télégrammes chiffrés sont adressés aux Français en soirée du 4 mais ils ne seront réceptionnés que dans la nuit et décodés qu’au petit matin » du 5 janvier. »
« Il y eu des perceptions différentes et des absences de vérifications d’un échelon à un autre », dépeint Stéphane Weiss. La Bataille des Ardennes, en Belgique – dernière offensive d’Hitler – repousse l’opération. Le S.H.A.E.F maintient néanmoins l’ordre de bombardement, alors que les Français pensent qu’il n’est plus d’actualité. Ils ne seront informés qu’une fois les opérations terminées, comme pour d’autres raids préalables des Américains en décembre.
« Deux télégrammes chiffrés sont adressés aux Français en soirée du 4 mais ils ne seront réceptionnés que dans la nuit et décodés qu’au petit matin » du 5 janvier, explique Stéphane Weiss. Entre-temps, entre 4h et 6h du matin, 347 bombardiers de la Royal Air Force ont largué 1.600 tonnes de bombes, en ciblant la cité balnéaire et non les défenses périphériques.
AFP
Une « tragique erreur » reconnaîtra après coup le général Edgard de Larminat, à la tête des Forces françaises de l’Ouest : le centre-ville est détruit à plus de 85 %, 442 personnes sont mortes sous les bombes et 600 blessées. Les Allemands, qui ne résident pas dans le centre, enregistrent 47 décès et leurs fortifications sont intactes.
Deuxième raid en avril
Les événements sont ensuite passés sous silence. Les archives américaines, britanniques et françaises, classées pendant des décennies révèlent un possible malentendu supplémentaire autour de l’interprétation erronée de la mention « Royan area » pouvant désigner la ville ou la ceinture fortifiée.
S’ajoute un « manque d’attention porté aux civils », considérés comme « acquis à l’ennemi » par les forces assiégeantes, selon Guy Binot. Le commandement français assure également aux Américains que les derniers habitants auront été évacués mi-décembre, alors qu’il restait encore plusieurs milliers de civils « empochés » début janvier.
AFP
« 725.000 litres de napalm utilisé pour la première fois à titre expérimental. »
« Il y a un consensus politique pour frapper ces « Poches »», souligne Stéphane Weiss qui évoque aussi « un effet d’inertie ». « Des villes françaises, belges et allemandes se sont fait pilonner depuis des mois pour amoindrir les forces allemandes, ce n’est pas choquant pour les états-majors », ajoute-t-il. « Ce fut une opération inutile car aucun objectif militaire majeur n’avait été atteint, ni visé », juge de son côté la responsable du service du patrimoine de Royan, Charlotte de Charette.
En avril 1945, le secteur subit de nouveaux raids, avec 5.000 tonnes de bombes larguées et 725.000 litres de napalm utilisé pour la première fois à titre expérimental, qui sont suivis cette fois de combats terrestres, aboutissant à la libération de la ville. « Royan a ensuite été pillée par les troupes françaises, sans doute parce qu’elle a été considérée comme une ville de collabos n’ayant pas voulu quitter la ville avant les bombardements », ajoute Charlotte de Charette. Stéphane Weiss évoque même « une double peine pour ses habitants ».
Cette chronique est produite du mieux possible. Pour toute observation sur cet article concernant le sujet « Royan c’est royal » merci d’utiliser les coordonnées indiquées sur notre site internet. Le site royan-atlantic.fr a pour but de créer diverses publications sur le thème Royan c’est royal éditées sur le net. Cet article parlant du thème « Royan c’est royal » fut trié sur internet par les rédacteurs de royan-atlantic.fr Très prochainement, nous présenterons d’autres informations pertinentes sur le sujet « Royan c’est royal ». En conséquence, consultez de façon régulière notre site.