Le sort de la prairie de la Conside est scellé. À moins d’un recours contre le permis de construire accordé le 26 septembre par la Ville de Royan à la société Kalilog. Le promoteur immobilier toulousain a convaincu, avec son projet d’aménagement de cette prairie longeant la rue de la Roche, frontière entre Royan et Vaux-sur-Mer. Prairie à l’enjeu environnemental fort, plaidé par l’association Nature Environnement 17 pour tenter de contrer tout aménagement de cet espace de près d’un hectare.
Voisine de la Conside, avec son camping du Bois de la Roche, classé réserve LPO (1), Sophie Huberson-Debry la première s’est élevée contre le premier projet immobilier, porté par Nexity. En bordure de boisements, la prairie de la Conside constitue un terrain de chasse pour plusieurs espèces d’oiseaux, tels que l’engoulevent d’Europe. Riche en origan, la prairie abrite aussi une variété de papillons protégée au niveau national, l’azuré du serpolet, qu’une urbanisation du site menacerait, ne cesse de tempêter Sophie Huberson-Debry depuis 2019.
36 nouveaux logements sociaux
Si Nexity a fini par renoncer à l’achat à un particulier des 9 876 m² constructibles, le promoteur toulousain Kalilog a imaginé un projet tendant à ménager à la fois les intérêts de la Ville de Royan et des protecteurs de l’environnement. La Ville court toujours après ses 25 % de logements aidés. Nature Environnement 17 s’évertue à préserver la biodiversité au croisement des communes de Royan, Vaux-sur-Mer et Saint-Sulpice-de-Royan.
Kalilog a reçu l’assentiment, au moins, de la ville de Royan. Le promoteur projette de construire deux bâtiments collectifs, l’un de 18 appartements, l’autre de 23 logements, tous conventionnés en logements dits sociaux. Ces deux immeubles, de deux étages, abriteront majoritairement des appartements de types T2 et T3, les plus adaptés à la demande locative aujourd’hui.
Le projet de Kalilog est complété par la construction de 13 maisons individuelles, groupées par îlots de trois ou quatre logements, eux aussi entrant dans le contingent des logements aidés dont manque Royan.
Un habitat « sanctuarisé »
La Ville de Royan a fixé au promoteur immobilier plusieurs prescriptions pour satisfaire aux attentes de préservation de la faune et de la flore de la prairie. L’habitat de l’azuré du serpolet a été estimé à une aire d’environ 2 400 m², au centre de la prairie. « L’implantation des bâtiments se fera en dehors de cet habitat. Cette zone sera inaccessible lors des travaux et délimitée par des barrières grillagées. Aucun engin ne circulera à ce niveau. Aucun matériel ne sera stocké sur cet espace », indique le permis de construire.
« Très vite, les enfants auront envie d’aller y jouer… »
La protection de l’aire d’habitat du papillon se prolongera au-delà de la phase de construction. À terme, « des ganivelles de 1,20 m de haut délimiteront cet habitat. Des panneaux de communication pourront être installés. Par la suite, une fauche tardive sera mise en place afin de préserver les qualités écologiques de ce milieu et de l’origan et autres lamiacées pourront être semées ». Le promoteur s’est même vu imposer de planter un arbre pour 80 m² de bâti, soit 40 arbres « de haute tige » au total sur l’emprise aménagée.
Des mesures jugées cosmétiques
Les précautions environnementales laissent Sophie Huberson-Debry dubitative. La « sanctuarisation » de l’habitat de l’azuré du serpolet, en particulier, lui tire un sourire amer. « Très vite, les enfants habitant dans les appartements et maisons voisines auront envie d’aller y jouer et ça peut se comprendre, en l’absence d’aire de jeux. Ce n’est pas une ganivelle de 1,20 m de haut qui les arrêtera, ni des panneaux explicatifs. »
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Un délai de recours gracieux de deux mois court depuis l’affichage du permis de construire sur le site, soit « depuis le 4 octobre », selon Sophie Huberson-Debry. « Nature Environnement 17 n’a pas encore décidé de la suite éventuelle qu’elle donnera… » Les mesures de protection inscrites dans le permis de construire ne seraient que cosmétiques. « Planter des arbres n’est pas la solution. Le site est déjà bordé de boisements. Pour les oiseaux, cette prairie est une zone de chasse. Ce qui fait la richesse de la biodiversité dans ce secteur, c’est la complémentarité entre trois milieux complémentaires, des espaces boisés fermés, une zone semi-ouverte, avec le camping, refuge LPO, et cette zone ouverte qu’est la prairie. »
Sophie Huberson-Debry craint que l’aménagement, même raisonné, de la Conside ne crée un déséquilibre pour les écosystèmes implantés sur et autour de la prairie. Le feuilleton de la Conside n’a peut-être pas encore connu son épilogue avec le permis de construire accordé à Kalilog.
(1) La Ligue de protection des oiseaux labellise des sites remarquables par leur faune.
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