Ce dimanche 5 janvier 2025 est un triste anniversaire à Royan, 80 ans jour pour jour après le terrible bombardement allié qui avait détruit plus de 85% de la ville, alors présentée comme la « perle de l’Atlantique ». Adieu les casinos, le marché, l’église Notre-Dame, le Café des bains et autres monuments emblématiques. Les bombes britanniques lâchées au petit matin du 5 janvier 1945 font surtout beaucoup de victimes civiles : 447 morts, près de 600 blessés. Victimes inutiles ? C’est ce que l’histoire a retenu. Ce bombardement de Royan était une erreur, une « tragique méprise » selon les mots du général de Larminat, qui commandait alors les forces françaises de l’ouest.
En ce début 1945, plus de 8.000 soldats allemands sont retranchés à Royan. Une « poche » que le général de Gaulle veut absolument réduire. Un bombardement est donc planifié, mais il aurait dû être annulé, ce qui n’a pas été fait. « L’intérêt de ces bombardements tactiques, c’est d’affaiblir les positions ennemies, et ensuite, il y a une attaque terrestre, rappelle l’historienne Charlotte de Charette, responsable du patrimoine de la ville de Royan. Or là, il se trouve que l’opération au sol a été annulée. Donc ce bombardement aérien de janvier, il ne sert à rien. »
Erreurs en cascade
Un bombardement d’autant plus inutile que les défenses allemandes en sortent presque intactes, avec seulement une cinquantaine de soldats tués. La demande française de frapper les défenses nazies aurait été mal traduite en anglais, les bombardiers britanniques recevant pour ordre de frapper la ville elle-même, « Royan area » comme on peut le lire sur les documents officiels. Des Anglais qui auraient cherché à joindre les états-majors américain et français avant le décollage des avions, en vain. Résultat : les pertes civiles sont colossales. « Contrairement à ce qu’on avait pu dire aux Alliés, la ville n’est pas évacuée de ses civils, précise l’historienne Charlotte de Charette, il en reste 2.500. C’est donc un quart de la population restante qui va mourir sous ce bombardement de janvier. »
« On a retrouvé quelques ossements qu’on a rassemblés dans une petite boîte. On a chargé cette boîte sur une charrette à bras pour les emmener dans la tombe au cimetière des Tilleuls » – Jean-Pierre Geoffroy, 88 ans. Ses grands-parents et une tante paternels sont morts dans le bombardement du 5 janvier 1945
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Endeuillés, les Royannais seront également pillés, notamment par les soldats français. Car ils n’ont pas bonne réputation, les « empochés » soupçonnés d’être « acquis à l’ennemi ». Ce qui n’était pas toujours le cas, loin de là. « Il y a des gens qui n’ont pas pu partir, assure Charlotte de Charette. Soit parce qu’ils voulaient protéger leurs biens, soit qu’ils n’avaient nulle part où aller. » Humiliés, traités de collabo, les Royannais en voudront longtemps au général de Larminat, commandant les troupes françaises dans l’ouest de la France. Rendu responsable de ce fiasco, « alors que c’est évidemment plus complexe que ça » ,souligne la responsable du patrimoine de Royan.
La vérité, c’est que le général de Gaulle a voulu ce bombardement. « Pour lui, c’était important que le territoire français soit libéré par des Français, au moins en partie, rappelle Charlotte de Charette. Et Royan fait un peu figure de symbole. » Symbole qui décidément coûtera cher : quelques mois plus tard, plus de 150 soldats français vont mourir dans la Libération de Royan en avril 1945. À cette occasion, d’autres bombardements s’abattront sur la ville, avec notamment du napalm. Là encore, l’intérêt stratégique est très limité, quelques semaines seulement avant l’effondrement du 3e Reich, et la fin de la guerre sur le continent européen.
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« Royan, année zéro »
La ville de Royan a prévu un vaste programme, pour commémorer les 80 ans de sa libération. Au menu notamment, deux expositions. La première, « Regards » au musée de Royan (de 2,10€ à 4,20€ – gratuit pour les moins de 18 ans) présente l’apport de l’archéologie à la recherche historique sur la guerre à Royan. La seconde expo est gratuite : « Royan année zéro – images d’une ville martyre » propose des photos saisissantes de l’anéantissement de la ville. Parmi elles, certains clichés inédits, issus des collections du ministère des Affaires étrangères. Commandées par l’ambassade de France à New-York, ces photos étaient destinées à toucher le public américain et obtenir des financements pour la reconstruction.
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