Royan le connaît comme l’architecte, de l’église de Notre-Dame, bien sûr, du château d’eau de Saint-Pierre également, on l’oublie parfois. Guillaume Gillet aurait-il accédé à la même notoriété s’il avait choisi de vivre de son talent de peintre ? Nul ne saura jamais. Une distinction, et non des moindres, a scellé son destin. Lauréat du prestigieux grand prix de Rome en architecture…
Royan le connaît comme l’architecte, de l’église de Notre-Dame, bien sûr, du château d’eau de Saint-Pierre également, on l’oublie parfois. Guillaume Gillet aurait-il accédé à la même notoriété s’il avait choisi de vivre de son talent de peintre ? Nul ne saura jamais. Une distinction, et non des moindres, a scellé son destin. Lauréat du prestigieux grand prix de Rome en architecture en 1946, Guillaume Gillet a inscrit son nom à la liste des architectes en vue après-guerre.
C’est pourtant au peintre Guillaume Gillet que le Musée de Royan consacre une exposition, depuis le 18 janvier. Pour être exact, « Voyage » consacre « trois générations d’artistes ». Aux carnets de voyage graphiques que tenait Guillaume Gillet, aux tableaux qu’il a signés, aussi, répondent les dessins et gravures de sa fille Florence et les photographies de son petit-fils Gaspar Dietrich. Selon un fil conducteur évident aux yeux aussi bien de Florence Gillet et de Gaspar Dietrich que d’Isabelle Debette, la directrice du Musée de Royan, qui a suggéré l’idée de cette exposition.
Un destin tout tracé
Évidence, aussi, cette destinée artistique de la famille Gillet ? Florence Gillet répondra par l’affirmative, bercée par le souvenir, dès son plus jeune âge, de ce père dessinant les paysages traversés en famille, comme elle le fera à son tour, comme son propre fils, lui, les fixe sur l’argentique de ses pellicules. Né d’une mère artiste peintre et d’un peintre journaliste et écrivain, Gaspar Dietrich semblait d’ailleurs voué à son tour au métier d’artiste.
J’ai essayé d’intégrer une école de commerce…
Singulièrement, malgré ce creuset familial, lui a d’abord aspiré à un tout autre destin. « Je ne voulais pas de ça, je voulais la stabilité. J’ai donc essayé d’intégrer une école de commerce… où on m’a dit que je me trompais peut-être d’aspiration ! » Presque le monde à l’envers. « J’en ai été vexé, sur le coup, mais finalement, ils avaient raison. » Après tout, ce premier appareil photo reçu à 13 ans avait peut-être déjà déterminé ce destin qu’il se refusait d’embrasser.
Traits communs
Oubliée, l’école de commerce. Installé à New York depuis 15 ans – « j’aime les métropoles ! » –, Gaspar Dietrich vit par et pour la photographie. Ses thèmes de prédilection, ses inspirations découlent presque inconsciemment de sa filiation. Lui aussi a vu sa maman prendre des « notes » graphiques, « en conduisant, le carnet sur les genoux ». En traversant les étendues désertiques de la Castille, entre autres.
Florence Gillet a croqué avec la même gourmandise l’Italie, la Grèce, Royan, forcément, l’un des ports d’attache des Gillet, depuis des générations. Les États-Unis d’Amérique, aussi. Elle avait fait découvrir la Castille à son fils. Ce dernier a voulu la plonger dans le désert de l’Ouest américain. « On s’arrêtait tous les 200 mètres », rigole encore Florence Gillet. « Je savais ce qui avait attiré l’œil de Gaspar… » Et réciproquement. Leurs inspirations se répondent. Leur exposition commune est d’ailleurs « une conversation ». Où se révèle aussi leur amour « des lignes ». Celles des rails du métro new-yorkais, dans ses sections aériennes. Les lignes, un autre trait commun avec leur père et grand-père…
« Voyage », exposition visible jusqu’au 2 juin au Musée de Royan, 31, avenue de Paris.
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